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lundi 5 janvier 2015

La chute des princes, de Robert Goolrick

Paru fin août 2014 aux éditions Anne Carrière, ce roman est traduit de l'américain par Marie de Prémonville

Le narrateur conte son histoire: celle d'un golden boy des années quatre vingts. A l'époque il  était un de ces  tradeurs  à l'apogée de sa gloire. Recruté de façon très spéciale par la Firme, à moins de trente ans il était déjà millionnaire grâce à son don pour faire fructifier les portefeuilles de ses clients.
Sa réussite tapageuse, insolente et cynique le fait vivre dans un monde de stars, de mannequins, de boîtes de nuit en restaurants et de fêtes en orgies d'un coût inimaginable.
 Repus d'alcool, de cocaïne, de sexe sous toutes ses formes, vendus à l'argent, ils flambent leur vie à toute allure, poursuivis par des démons sans pitié: le suicide, le sida, les overdoses, et la ruine.

L'écriture de Robert Goolrick est somptueuse pour traduire le narcissisme exacerbé du héros:"On se montrait d'une générosité grandiose à l'extérieur et d'une mesquinerie absolue dans le secret de nos coeurs. On entonnait le chant du bourreau sur le chemin du boulot dans l'heure qui précède l'aube, et l'on passait nos journées à lancer les dés à l'aveugle, avec pour seul enjeu l'argent des autres, dans des salles sombres et sans horloges pour qu'on oublie toute mesure, tout étalon hormis le bourdonnement du fric.L'âme obscurcie par une insatiable avidité, on laissait notre moralité de plus en plus douteuse s'empêtrer, étouffer sous des couches et des couches d'objets, un amoncellement de choses, toujours plus, des costumes qui coûtaient davantage que ce que nos pères avaient déboursé pour leur première maison, des voitures d'un luxe indécent,-sans parler des montagnes de PV que nous valaient nos petites pointes de vitesses, quand on filait vers les paradis de Long Island East, où nous attendaient des piscines chauffées toute l'année"...

Personne ne sera épargné dans la chute vertigineuse. Ruiné, il retourne vivre dans son "illustre taudis", seul, sans amour, quelques amis  lui restent avec qui il n'a plus rien à partager, et l'amour  n'ayant pas eu sa place,"les femmes sont ainsi en vieillissant, elles deviennent aussi évanescentes qu'un souffle d'air, la mémoire et l'expérience rendent leur âme éphémère". Il porte un regard sans pathos sur son existence passée.

Néanmoins Robert Goolrick réussit le prodige de relever son héros déchu au rang de l'homme ordinaire, avec un boulot de tout le monde...dans une librairie...où il donne tout de même un peu plus que ce qu'on lui demande...l'élégance aidant..ses propos non dénués de causticité réussissent, eux, à nous rendre le personnage attachant jusqu'au bout du roman.

Et pour citer la quatrième de couverture "...Robert Goolrick offre une chanson de geste aux démons fondateurs du libéralisme. Dans  l'incandescence, l'indécence et la chute, il a trouvé la beauté".




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