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lundi 24 mars 2014

Sorj Chalendon: LE QUATRIEME MUR

Sorj Chalendon est né en 1952, comme moi, ça me l'a immédiatement rendu intéressant!!! Je n'avais encore rien lu de lui, et ce week-end, Numilog me le proposait à la lecture en ligne.
Alors j'ai lu. Avec acharnement.
Après avoir refermé la dernière page, seulement, j'ai cherché à savoir qui était l'auteur (dans Wikipédia on trouve tout):
Il a été journaliste à Libé puis au Canard enchaîné. (prix Albert Londres pour l'un de ses précédents ouvrages, que je me promets de lire)
Ah bon!
Ah bon?
Voilà qui explique pourquoi il est si bien documenté.
Parce que ce "quatrième mur", un roman, couronné par le jury des lycéens, raconte une histoire fictive, mais complètement plongée dans les affres des guerres du Liban.

 Sur un trottoir parisien des années soixante dix, un homme,un militant, jeune, lettré, cultivé, croise son destin avec celui d'un autre lettré, intellectuel, metteur en scène, Grec.
Cette rencontre naît pendant des évènements violents et s'enchaîne sur l'évocation du passé de l'un et de l'autre emprunts des horreurs de la dernière guerre, du totalitarisme des colonels grecs et...et va devenir de plus en plus dramatique, de plus en plus violente, jusqu'à l'éclatement, non, jusqu'au bombardement, et j'allais presque dire jusqu'à notre douleur . Imaginaire. Sans doute imaginaire.
 Georges, le narrateur,le gauchiste, anarchisant, révolutionnaire parisien, va devenir l'ami de Sam, le Grec. Le metteur en scène grec. Quelques temps. Le temps qu'il a voulu passer en France. Donnant à ces révoltés, (à nous? les lecteurs, les voyeurs de cette violence) une leçon de relativisme, tellement ces slogans scandés n'ont rien à voir avec la réalité brutale de ce qu'ils sous-entendent, et que lui a vécue, lui, le juif, le grec, le metteur en scène .
Utopiste, il a rêvé de mettre en scène Antigone d'Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre, avec des acteurs de toutes les confessions, de tous les partis, dans un théâtre complètement détruit.
Oui mais voilà Sam est malade,depuis les tortures qu'il a subies en Grèce, et sur son lit d'agonie, Georges lui promet d'aller à Beyrouth, continuer ce qu'il a commencé, lui qui n'a jamais quitté la France.

Etrange voyage! Il va contacter tour à tour les acteurs que Sam avait déjà rencontrés, les approcher politiquement, humainement, artistiquement,  chacun d'eux ayant une manière de s'approprier le personnage, et de le rendre acceptable à sa cause.
Antigone, Créon, et les autres personnages de la pièce, qui sont-ils? Que sont les  héros eux-mêmes? Ne les retrouve-t-on pas à tous les conflits?
Comment va-t-il pouvoir donner corps à cette pièce en unique représentation, dans ce théâtre dévasté et en ruines? Les acteurs disparaissent un à un dans ce déluge et le projet s'effondre peu à peu.
Georges va rencontrer la guerre, la peur, l'horreur, la mort, la violence inimaginable, la terreur. Son Antigones, à Chatila, il va la chercher, et ne la retrouvera qu'assassinée.
C'est un voyage dont il ne revient pas indemne.
C'est écrit d'une manière remarquable, tellement précise que,  quand ça se termine, le lecteur en est aussi perturbé. C'est un peu comme si on traversait la page de Match-le poids-des-mots-le-choc-des-photos, pour aller au-delà.  On se rend bien compte que l'auteur n'a pas inventé toutes ces scènes de fins du monde, on se doute bien qu'il a dû les vivre, à donner autant de détails sur ses sensations, ses sentiment, ça n'est pas banal. Et d'ailleurs le lecteur prend peur aussi. Une violence pareille, ces tribus de Jocaste qui se donnent naissance à chaque choc et répercutent d'autres haines, d'autres alliances, à n'en plus finr. Jusqu'à quand est-ce qu'on en sera à l'abri?

Georges, lui, ne s'en remettra pas, ne pourra pas se réhabituer à la douceur de son foyer, aux amis, à l'ordinaire et il va repartir, au soulagement du lecteur qui n'attend que ça, de voir, comme au théâtre, sans rien risquer dans sa chair.
C'est qu'il est de l'autre côté de ce quatrième mur, celui que les acteurs installent entre la scène et la salle, pour se préserver.
Et, oui, le lecteur reste avec l'évocation de sa violence, celle qu'il devinait, celle qu'il voulait voir, sans savoir qu'elle dépasserait ce qu'il avait imaginé jusqu'à maintenant.

Extrait:
"Nous roulions le long de la côte.Le soleil se levait derrière les collines. Juste après le virage, un tank syrien couleur sable, embusqué, immense. Il nous barrait la route. Mon Druze a juré. Il a freiné brusquement. Je dormais. j'ai sursauté. Il a paniqué, fait marche arrière sur le talus qui surplombait la mer. La carapace s'est réveillée. presque rien, un souffle. le métal du canon qui pivote.
-Mets-toi à couvert, putain !
J'ai plongé la main vers la banquette arrière, pris mon sac, cherché ma veste, mon passeport, sans quitter la mort des yeux. Et puis j'ai renoncé. La gueule d'acier nous faisait face. Vacarme dans ma tête."

En lecture numérique sur Numilog:http://numilog.com/241675/Le-quatrieme-mur.ebook

Vous pouvez le téléchrager pour 21 jours selon le mode d'emploi expliqué antérieurement.



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