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dimanche 18 mars 2012

Flocoon Paradise de Philippe Carrese




Sorti l'an dernier, Flocoon Paradise est paru il y a quelques jours en lecture numérique chez Publie.net.

Le titre sonne comme une émission de tv réalité, ou comme l' enseigne un peu bling-bling d'un commerce de pacotille.
C'est le nom, dans ce roman, d'une méga station de sports d'hiver qui ouvre ses portes, et, pour l'inauguration, le service de communication a invité tout le gratin de la presse à une réception qui se veut somptueuse et qui va tourner au cauchemar.
La très citadine attachée de presse, Gabrielle, professionnelle jusqu'au rouge à lèvres, au mini tailleur, aux escarpins hautement talonnés organise avec une habitude certaine la réception, comme une réception parisienne. Et, comme toute la tête de cette organisation, elle n'a négligé que le climat et ses impondérables.

Le récit à la première personne est tenu par Raymond Lautaret, photographe reporter d'investigation. Que vient-il faire là? Mais enfin, on y trouve aussi "modes et travaux", "chien mon ami", télérama, et j'en passe.
Dès le départ, contre-temps, retards, accidents devraient donner à réfléchir, mais Gabrielle donne confiance. Elle organise la réception comme n'importe quelle réception mondaine (scotchée au téléphone avec son bambin de 19 ans, resté avec la nounou et ses granules homéopathiques). Elle est un peu stupide, mais tellement efficace. Le ton est drôle même si on craint un instant de sombrer dans des propos misogynes. L'apparition d'une autre femme, Nathalie, intelligente, journaliste aussi, vient contrebalancer cette idée.
C'est elle qui découvrira la raison de cette installation commerciale dans cet endroit si peu approprié.

Raymond, lui, y rencontre la famille d'un ancien compagnon de reportage: un militaire de l'Onu dont il a réalisé une photo célèbre juste au moment de sa mort. De brefs récits de cette époque ponctuent le roman.
Là aussi, l'opposition entre ces personnages autochtones, rustiques, leur vie rude, spartiate, et les invités de la station, civilisés, sophistiqués...et les réflexions des uns ne sont pas meilleures que les réflexions des autres. Et celle de l'auteur se devine.
Les relations s'installent entre les participants.
Tout le long du récit, Philippe Carese met en parallèle deux mondes opposés, avec un ton sarcastique et délibérément enjoué, qui nous empêche de tomber trop tôt dans le tragique. Cette notion s'installe progressivement. Elle se conjugue avec stupide vanité, manque de scrupules, malhonnêteté et corruption.
jusqu'où celà peut-il aller?


Extrait
"
C’est bien ça, notre problème. Je suis de la vallée du Béal. Personne ne sait où c’est, la vallée du Béal.
– C’est où ?
– C’est loin de tout, capitaine. Un trou ! Un trou d’altitude mais un trou quand même.
– M’appelle plus capitaine, Lucien. On est dans la même galère, paumés au fin fond du trou du cul du monde… Mon prénom, c’est Roger.
– Roger ? Eh bien, tu vois, Roger, il vaut mieux vivre ici, au milieu de cette cuvette sordide perdue, même pas inscrite sur les cartes d’état-major du Kosovo que dans la vallée du Béal.
– Faut rien exagérer, Lucien. Dans ta vallée perdue, vous ne passez quand même pas votre temps à vous égorger les uns les autres et à vous tirer dessus au mortier d’un versant à l’autre des torrents…
– Ici, au moins, il se passe quelque chose. Dans la vallée du Béal, il ne se passe jamais rien, Raymond. Le fin fond du trou du cul du monde, c’est là-bas, pas ici. Quand on nait au fin fond du trou du cul du monde, on démarre mal dans la vie. J’ai mal démarré dans ma vie.
– C’est bien ça, notre problème. Je suis de la vallée du Béal. Personne ne sait où c’est, la vallée du Béal.
– C’est où ?
– C’est loin de tout, capitaine. Un trou ! Un trou d’altitude mais un trou quand même.
– M’appelle plus capitaine, Lucien. On est dans la même galère, paumés au fin fond du trou du cul du monde… Mon prénom, c’est Roger.
– Roger ? Eh bien, tu vois, Roger, il vaut mieux vivre ici, au milieu de cette cuvette sordide perdue, même pas inscrite sur les cartes d’état-major du Kosovo que dans la vallée du Béal.
– Faut rien exagérer, Lucien. Dans ta vallée perdue, vous ne passez quand même pas votre temps à vous égorger les uns les autres et à vous tirer dessus au mortier d’un versant à l’autre des torrents…
– Ici, au moins, il se passe quelque chose. Dans la vallée du Béal, il ne se passe jamais rien, Raymond. Le fin fond du trou du cul du monde, c’est là-bas, pas ici. Quand on nait au fin fond du trou du cul du monde, on démarre mal dans la vie. J’ai mal démarré dans ma vie.
– C’est bien ça, notre problème. Je suis de la vallée du Béal. Personne ne sait où c’est, la vallée du Béal.
– C’est où ?
– C’est loin de tout, capitaine. Un trou ! Un trou d’altitude mais un trou quand même.
– M’appelle plus capitaine, Lucien. On est dans la même galère, paumés au fin fond du trou du cul du monde… Mon prénom, c’est Roger.
– Roger ? Eh bien, tu vois, Roger, il vaut mieux vivre ici, au milieu de cette cuvette sordide perdue, même pas inscrite sur les cartes d’état-major du Kosovo que dans la vallée du Béal.
– Faut rien exagérer, Lucien. Dans ta vallée perdue, vous ne passez quand même pas votre temps à vous égorger les uns les autres et à vous tirer dessus au mortier d’un versant à l’autre des torrents…
– Ici, au moins, il se passe quelque chose. Dans la vallée du Béal, il ne se passe jamais rien, Raymond. Le fin fond du trou du cul du monde, c’est là-bas, pas ici. Quand on nait au fin fond du trou du cul du monde, on démarre mal dans la vie. J’ai mal démarré dans ma vie.

 

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Les services de maintenance de la Flocoon Paradise ont pu dégager les deux journalistes piégés dans la cascade de glace avant l’apéro et le reporter de la Libre Belgique a téléphoné personnellement à Gabrielle depuis l’hôpital de Briançon pour la remercier de l’accueil. Aucune réaction n’a suivi cette annonce conviviale de l’attachée de presse. Télérama, Libé et le Nouvel Obs ont juste eu l’air agacé d’avoir à interrompre leur conversation sur les dérives érotiques du cinéma lapon pour écouter le monologue fleuri de Gabrielle. Ces informations rassurantes n’ont suscité aucune réaction, aucune compassion. Félix Gourmeau a émis un petit rot. Tout le monde s’est jeté sur la copieuse choucroute de montagne, soulagé de ne plus avoir Théo Delarche dans les pattes pour venir casser les burnes avec ses histoires de charcuterie sans poivre. Ils se sont gavés. Ils se sont détruits à coup de digestifs du cru. Ils se sont rendus sagement à la patinoire. Assis en rang d’oignon au bord de la piste, ils attendent patiemment la suite annoncée des attractions de la journée.
Les services de maintenance de la Flocoon Paradise ont pu dégager les deux journalistes piégés dans la cascade de glace avant l’apéro et le reporter de la Libre Belgique a téléphoné personnellement à Gabrielle depuis l’hôpital de Briançon pour la remercier de l’accueil. Aucune réaction n’a suivi cette annonce conviviale de l’attachée de presse. Télérama, Libé et le Nouvel Obs ont juste eu l’air agacé d’avoir à interrompre leur conversation sur les dérives érotiques du cinéma lapon pour écouter le monologue fleuri de Gabrielle. Ces informations rassurantes n’ont suscité aucune réaction, aucune compassion. Félix Gourmeau a émis un petit rot. Tout le monde s’est jeté sur la copieuse choucroute de montagne, soulagé de ne plus avoir Théo Delarche dans les pattes pour venir casser les burnes avec ses histoires de charcuterie sans poivre. Ils se sont gavés. Ils se sont détruits à coup de digestifs du cru. Ils se sont rendus sagement à la patinoire. Assis en rang d’oignon au bord de la piste, ils attendent patiemment la suite annoncée des attractions de la journée.
Les services de maintenance de la Flocoon Paradise ont pu dégager les deux journalistes piégés dans la cascade de glace avant l’apéro et le reporter de la Libre Belgique a téléphoné personnellement à Gabrielle depuis l’hôpital de Briançon pour la remercier de l’accueil. Aucune réaction n’a suivi cette annonce conviviale de l’attachée de presse. Télérama, Libé et le Nouvel Obs ont juste eu l’air agacé d’avoir à interrompre leur conversation sur les dérives érotiques du cinéma lapon pour écouter le monologue fleuri de Gabrielle. Ces informations rassurantes n’ont suscité aucune réaction, aucune compassion. Félix Gourmeau a émis un petit rot. Tout le monde s’est jeté sur la copieuse choucroute de montagne, soulagé de ne plus avoir Théo Delarche dans les pattes pour venir casser les burnes avec ses histoires de charcuterie sans poivre. Ils se sont gavés. Ils se sont détruits à coup de digestifs du cru. Ils se sont rendus sagement à la patinoire. Assis en rang d’oignon au bord de la piste, ils attendent patiemment la suite annoncée des attractions de la journée.LLe le
Les services de maintenance de la Flocoon Paradise ont pu dégager les deux journalistes piégés dans la cascade de glace avant l’apéro et le reporter de la Libre Belgique a téléphoné personnellement à Gabrielle depuis l’hôpital de Briançon pour la remercier de l’accueil. Aucune réaction n’a suivi cette annonce conviviale de l’attachée de presse. Télérama, Libé et le Nouvel Obs ont juste eu l’air agacé d’avoir à interrompre leur conversation sur les dérives érotiques du cinéma lapon pour écouter le monologue fleuri de Gabrielle. Ces informations rassurantes n’ont suscité aucune réaction, aucune compassion. Félix Gourmeau a émis un petit rot. Tout le monde s’est jeté sur la copieuse choucroute de montagne, soulagé de ne plus avoir Théo Delarche dans les pattes pour venir casser les burnes avec ses histoires de charcuterie sans poivre. Ils se sont gavés. Ils se sont détruits à coup de digestifs du cru. Ils se sont rendus sagement à la patinoire. Assis en rang d’oignon au bord de la piste, ils attendent patiemment la suite annoncée des attractions de la journée.

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